Des marchés fébriles Spécial
Quinze ans après la grande crise financière, les marchés financiers sont à nouveaux fébriles. L’étincelle est venue une fois de plus des Etats-Unis, de la Silicon Valley – cœur du techno-capitalisme moderne. Malgré la réaction immédiate, et appropriée, des autorités financières américaines suite à l’insolvabilité de la Silicon Valley Bank, le vent d’inquiétude a traversé l’Atlantique pour se focaliser sur le secteur bancaire européen, notamment Credit Suisse, dont la cote a plongé à des niveaux sans précédent. Il n’en faut pas plus pour que la peur se généralise.
Rien d’essentiel ne s’est produit sauf que la psychologie des marchés pourrait être en train de basculer: plusieurs tendances de moyen terme sont à l’œuvre et leur conjonction peut nourrir l’inquiétude. Il y a d’abord le souvenir de l’année dernière qui s’est inscrite en chiffres rouges dans la mémoire des marchés. 2023 a commencé par un relent d’optimisme qui s’est essoué au début du mois et la faillite américaine a précipité le mouvement. Le problème sous-jacent demeure: en 2022, la globalisation a marqué un arrêt brutal. Or, les entreprises cotées en bourse en dépendent même si les géants de l’énergie et des matières premières ont connu une année très faste.
Il y a aussi une variable hypothétique: si la Russie et ses alliés disposent de moyens pour contribuer à la déstabilisation financière de l’Occident, ils ne se privent pas en jouant au yo-yo avec les cours du pétrole. Finalement il y a le reliquat de la crise financière: la récente montée des taux d’intérêt ronge la valeur de marché des obligations émises pendant la période des taux très bas. Les bilans de certaines banques s’en trouvent fragilisés. Face à la tendance baissière qui s’installe, il est urgent que les acteurs et les autorités de stabilité financière révisent leurs attentes pour être prêts à accompagner une décrue ordonnée en secourant à temps les canards boiteux et contenir la panique. C’est nécessaire pour freiner l’inflation.
Paul Dembinski, professeur
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