Le réalisateur Thomas Johnson a enquêté trois ans sur l’essor des évangéliques. Car si le mouvement évangélique est en pleine expansion, on ne le connaît pas très bien. Tout juste a-t-on pris conscience de la force de cette nouvelle forme de nationalisme chrétien ces dernières années avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis et de Jair Bolsonaro au Brésil. Avec le sociologue des religions Philippe Gonzalez, coauteur de la série de trois documentaires intitulés Les évangéliques à la conquête du monde, il veut mettre en garde contre un mouvement qui menace nos fondements démocratiques. La droite conservatrice chrétienne, pour qui la Bible est à lire au premier degré, domine désormais le monde évangélique. Sur tous les continents: Asie, Afrique, Amérique, etc. Un discours virulent s’est infiltré au cœur du pouvoir politique, porté par des pasteurs millionnaires qui s’adressent aux plus défavorisés: «Si vous donnez à l’Eglise, Dieu vous le rendra au centuple».

Nationalisme chrétien

Selon Thomas Johnson, Dieu devient ainsi un véritable acteur politique pour les évangéliques. Il doit pénétrer tous les domaines: éducation, politique, économie, on a pu le constater aux Etats-Unis et au Brésil. En Europe, les évangéliques se rapprochent de la droite conservatrice et annoncent craindre l’écroulement de la civilisation judéo-chrétienne à cause de l’émergence des musulmans. Là aussi, ils gagnent du terrain. Pourtant, en 2021, l’Alliance évangélique mondiale a fini par condamner ce «nationalisme chrétien» et sa collusion avec les partis d’extrême droite. La longue enquête qui est à l’origine du documentaire donne aussi la parole à ceux qui luttent contre toute propagation de la haine et qui souhaitent se démarquer du mouvement en se définissant comme post-évangéliques. Intéressant.